La sélection de cette semaine a été réalisée par Meritxell Tronc, Charles-Emmanuel Arabian, Romain Jacquey, Lucie Caron (Skema BS)
Vaccination dans l’UE : « Yes, we can » ou tour de Babel ? [Crédit Agricole]
MONPERRUS-VERONI Paola, "Vaccination dans l’UE : « Yes, we can » ou tour de Babel ?", Perspectives, Crédit Agricole, 30 mars 2021.
Disponible ici [consulté le 3 avril 2021]
A la fin du premier semestre 2021, 11,6% de la population de l’Union européenne a reçu une première dose de vaccin et 5% une deuxième. L’augmentation des livraisons de vaccins prévue pour le deuxième trimestre 2021 devrait permettre de vacciner 41% à 51% de la population adulte avant l’été, ce qui, dans la course à l’immunité collective, est très encourageant.
Toutefois, malgré des chiffres en hausse, l’UE souffre d’un retard dans la vaccination de sa population, lequel trouve sa source dans la stratégie européenne d’approvisionnement des vaccins. C’est ainsi qu’AstraZeneca n’a livré que 30 millions de doses sur les 120 millions prévues au premier trimestre et devrait seulement distribuer 70 des 180 millions de doses prévues au deuxième trimestre…
En effet, contrairement aux États-Unis avec le plan Warp Speed, l’UE n’a pas assez insisté sur l’augmentation des capacités de production des vaccins et la sécurité de ces dernières. En signant des contrats d’approvisionnement avec la clause de « l’effort maximal » plutôt que celle de l’exclusivité, l’UE a probablement commis une erreur : « L’illusion du respect des contrats face à la puissance du pays contractant dans lequel le producteur opère ». Ainsi, AstraZeneca est une société suédo-britannique et la Commission Européenne se plaint de ne pas recevoir assez de doses de vaccins alors que 21 millions ont été envoyées par l’UE vers le RU.
Consciente de ce retard, l’UE a changé de méthode. « Dans le cadre de l'incubateur HERA, le nouveau plan européen de préparation à la bio-défense contre les variants de la Covid-19, la Commission introduit une mesure visant à accélérer l'autorisation des vaccins adaptés aux variants, pour soutenir leur mise au point ou leur adaptation grâce à un financement de l'UE et en activer la production ». L’UE semble apprendre de ses erreurs. Une conclusion à réviser dans quelques mois !
Y a-t-il une limite à la dette publique ? [Alternatives économiques]
CHAVAGNEUX Christian, « Y a-t-il une limite à la dette publique ? », Alternatives économiques, n°411, 01/04/2021.
Disponible ici [Consulté le 01/04/2021]
Dans cet article, Christian Chavagneux aborde l’épineux débat de la dette publique. Il confronte pro- et anti-dette publique, en analysant les doutes émis à propos de la coûteuse relance budgétaire menée par Joe Biden.
Il aborde d'abord le rôle des Banques Centrales. Leurs politiques monétaires visent à maintenir les taux bas afin d’inciter au crédit et à la dépense privée et publique. Entre ensuite en jeu la politique budgétaire des États. Cette dernière concerne davantage les investissements dans le numérique, l’éducation, la transition écologique. L’auteur relativise l’importance donnée au coût de la dette. En effet, ce coût est largement conditionné par le niveau des taux d’intérêts. C’est pourquoi, en France, la charge de la dette publique dans les années 2000 correspondait à 3% du PIB, tandis qu’elle équivaut aujourd’hui 1,4% du PIB (alors qu’elle représente 120% du PIB contre 59,6% du PIB en 2000).
Cette évolution remet en question l’idée d’une contrainte budgétaire uniquement basée sur le ratio de la dette en pourcentage du PIB. Christian Chavagneux évoque également, comme nouvelle lecture de la dette, la thèse de Jason Furman et Lawrence Summers qui affirment que tant que les paiements d’intérêts sur la dette publique restent inférieurs à leur moyenne historique, cette dernière est viable. Cette analyse souligne donc l'importance des marges de manœuvre des Etats. Il nuance tout de même cette thèse en confrontant les arguments des orthodoxes de la dette publique aux réponses apportées par les économistes favorables à son déficit.
Puis, en prenant comme exemple le cas des États-Unis, l’auteur fait intervenir le risque d’inflation que peut entrainer les plans de relance si l’offre ne croit pas au même rythme que la demande. L’auteur décrypte le débat autour de l’inflation comme barrière aux déficits publics en abordant les analyses de deux grands économistes Olivier Blanchard (ancien économiste en chef du Fonds monétaire international) et Patrick Artus. Il contextualise ce débat en considérant la situation actuelle. La pandémie rend l’avenir très incertain concernant les taux. Pour autant, un rallongement de la dette publique pourrait être un moyen de lutter contre cette incertitude.
L’auteur conclut en expliquant que la politique de Joe Biden envoie un message aux autres pays. Il leur montre que c’est le moment pour eux d’emprunter pour assurer une stabilité sur le plan social, productif et environnemental de leur pays.
Une sélection des publications de la semaine écoulée
La finance pour tous
« Crise monétaire en Turquie », La finance pour tous, 29/03/2021.
Disponible ici [consulté le 02/04/2021]
CEPII
ORTIMANS Aymeric et TRIPIER Fabien, « Quand la BCE a-t-elle stoppé la contagion de la Covid-19 aux marchés financiers ? », La lettre du CEPII, n° 416, 03/2021.
Disponible ici [consulté le 02/04/2021]
École des Hautes Études en Sciences Sociales
DAMANESCO FONSECA Claudia et MARTELLO Aline, « Le Brésil avant et après George Floyd. Entre déni et dénonciation », Les carnets de l’EHESS, 01/04/2021.
Disponible ici [consulté le 02/04/2021]
OFCE
AURISSERGUES Elliot, « Réduire l’incertitude pour faciliter la reprise économique », OFCE le blog, 29/03/2021.
Disponible ici [consulté le 02/04/2021]
INSEE
ANDRÉ Mathias et GERMAIN Jean-Marc, « Impôts, prestations sociales, services publics : qui paie quoi et qui bénéficie de combien ? », INSEE le blog, 02/04/2021.
Disponible ici [consulté le 02/04/2021]
Natixis Research
Patrick ARTUS, “Richesse et inégalités patrimoniales : d’où viennent les évolutions ?”, Flash Economie, Natixis Research, 02/04/2021.
Disponible ici [Consulté le 02/04/2021]